L'entreprise a fait une demande officielle auprès des autorités israéliennes pour autoriser sa mise en faillite et la nomination temporaire d'un liquidateur judiciaire. Cette démarche est la conclusion logique de huit mois de soubresauts venant écorner l'image de Better Place.
Si les doutes étaient nombreux dès le début de l'aventure Better Place, il aura tout de même fallu attendre près de 6 ans pour que les craintes se confirment. La spirale infernale a débuté en octobre dernier, après que le fondateur de Better Place, Shai Agassi, ait été démis de ses fonctions.
Quelques mois plus tard, Better Place annonçait que l'introduction du service d'échange de batterie serait repoussé en Australie avant que le nouveau PDG, Evan Thornley, ne soit à son tour licencié en janvier dernier.
Tout a commencé en 2007 lorsque, en compagnie de Shimon Peres (Président d'Israël) et d'Ehud Olmert (Premier Ministre d'Israël), Better Place annonce la création d'une infrastructure dédiée à la recharge des véhicules électriques en Israël.
Malgré des projets de déploiement du système au Danemark, au Japon, à Hawaï et en Australie, l'entreprise fondée par Shai Agassi peine à convaincre les constructeurs de développer un système compatible avec le système d'échange rapide de batteries.
C'est finalement en septembre 2009 que Renault annonce la commercialisation prochaine d'un véhicule compatible: la future Fluence ZE. Les prévisions de vente sont ambitieuses: Better Place ambitionne d'écouler 100.000 véhicules à l'horizon 2016.
En janvier 2010, Better Place décroche un financement de 350 millions de dollars. En novembre 2011, Shai Agassi obtient une rallonge de 200 millions de dollars pour le développement des infrastructures de Better Place.
Il faudra attendre le mois de janvier 2012 pour la mise en service des 100 premières Renault Fluence ZE équipées du système d'échange rapide de batterie Quickdrop. Un an et demi plus tard, seuls 2.000 clients en Israël et au Danemark se sont laissés séduire par l'offre de Better Place et il devenait alors évident que l'objectif de 100.000 véhicules ne serait jamais atteint.
Récemment, Renault, par l'intermédiaire de son PDG Carlos Ghosn, a fait part de son désintérêt pour le système d'échange rapide de batterie, estimant que le système prenait trop de place au sein du véhicule et de ce fait, les batteries "fixes" étaient l'avenir.
La liquidation judiciaire de Better Place met en échec un écosystème voué à effacer un défaut majeur (autonomie) des véhicules électriques par rapport aux véhicules à moteur thermique. Elle ne doit pas en revanche mettre à mal l'essor des véhicules électriques. Les batteries de ces derniers sont promises à de nombreuses avancées qui devraient gommer progressivement le manque d'autonomie: Tesla propose déjà des véhicules à forte autonomie mais à un prix élevé.
La fin de Better Place est en fait un tri naturel face à la création de nombreuses start-ups à la fin des années 2000 dans le domaine des véhicules propres. Après une période faste faite de levée de fonds importantes, de nombreuses sociétés (Fisker, Coda pour les plus connues) ont été contraintes de fermer leurs portes au moment de la concrétisation de leur projet.
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