Toyota Allemagne annonce que certains de ses modèles n’utiliseront plus le nouveau fluide de climatisation tant décrié par Mercedes.
Au nom du principe de précaution, la filiale allemande de Toyota a décidé que trois de ses modèles commercialisés, pour certains, avec le nouveau fluide de climatisation R1234yf, feraient désormais exclusivement appel à l’ancien fluide R134a. Les modèles concernés sont le Toyota GT86, la Prius+ et la Lexus GS.
Au contraire de Mercedes, les tests menés par Toyota avec ce nouveau fluide réfrigérant n’ont montré aucun risque supplémentaire par rapport au fluide actuel. D’autre part, Toyota n’a aucune obligation d’équiper les trois modèles précités sachant qu’ils étaient commercialisés avant le 1er janvier 2013. Le constructeur nippon ne risque donc aucune interdiction d’immatriculation en Europe.
Sur le marché allemand, peu de véhicules sont par ailleurs concernés : sur 1,5 million d’immatriculation au premier semestre, seuls quelques 43.300 véhicules étaient équipés du nouveau fluide, essentiellement des véhicules sud-coréens (Hyundai, Kia, Opel Mokka) et environ 1.700 Toyota et Lexus.
Le rappel des faits
En 2006, la Commission Européenne a voté l’interdiction du fluide réfrigérant R134a à partir du 1er janvier 2011. En 2009, les constructeurs d’automobiles se sont accordés pour remplacer ce fluide par le R1234yf. Pour des raisons de brevets, seuls deux fournisseurs, DuPont et Honeywell, sont capables de produire ce fluide au niveau mondial. Une autre alternative existe et recourt au CO2. Toutefois, cette solution n’est pas encore mature pour la production en grande série (prix prohibitif, surconsommation de carburant).
Fin 2011, DuPont et Honeywell ont fait part de difficultés pour répondre à la demande du nouveau fluide et ont garanti que ces soucis d’approvisionnement seraient résolus d’ici à la fin de l’année 2012. En vertu de cela, la Commission Européenne a donc repoussé de 2 ans la date butoir.
La production du fluide R1234yf a souffert de la catastrophe naturelle survenu au Japon (tremblement de terre) en mars 2011. D’autre part, l’inauguration de l’usine principale de production du nouveau fluide, installée en Chine, a été retardée au dernier trimestre 2012 (ouverture initialement prévue début 2012).
Fin septembre 2012, Daimler Mercedes annonce publiquement que des tests internes ont montré un risque potentiel d’inflammabilité avec le nouveau fluide de climatisation R1234yf. Suite à des discussions avec DuPont, le fournisseur américain a estimé que les tests menés par Mercedes ne reflétaient aucunement la réalité et qu’aucun autre constructeur n’avait mis en évidence de tels risques.
Dans des conditions standards, le fluide R134a (ancien fluide) a un point d’auto-inflammabilité à 750 °C. Dans le cas du R1234yf (nouveau fluide), ce point est à 405 °C. Toutefois, des tests menés par des cabinets indépendants et validés par des organismes réputés tels que l’ISO (International Standard Organisation) et le SAE (Society of Automobile Engineer) ont montré que le point d’auto-inflammabilité était plutôt de l’ordre de 1.000 °C avec un minimum à 700 °C dans le cas d’une application automobile.
De ces campagnes d’essais, l’association des constructeurs allemands (VDA) en a notamment conclu que le nouveau fluide R1234yf était aussi sûr que l’actuel R134a tant pour les occupants que les premiers secours. Aux Etats-Unis, le nouveau fluide a été aussi approuvé par l’agence environnementale EPA.
Pourtant, Mercedes campe sur ses positions et face à l’obligation de délaisser l’ancien fluide R134a sur tous les nouveaux modèles commercialisés à partir du 1er janvier 2013, le constructeur allemand a décidé de faire passer ses nouveaux modèles A, B, CLA et SL pour de simples restylages (l’obligation dans ce cas n’étant valable qu’à partir du 1er janvier 2017).
Si le dossier d’homologation a été accepté par les autorités allemandes, le Ministère des Transports français n’a pas considéré cette homologation valable, jugeant les modèles précités comme des nouveaux modèles ne devant plus, de fait, utiliser l’ancien fluide de climatisation. L’immatriculation de ces modèles est désormais impossible en France depuis plusieurs mois.
Outre le blocage des immatriculations en France (dont la décision devrait être confirmée ou non par le Conseil d’Etat cette semaine), l’enjeu est de taille pour Mercedes : le surcoût induit par l’utilisation du nouveau fluide est estimé à près de 40 € par véhicule.
Source: Frankfurter Allgemeine Zeitung, Dupont, Honeywell, Commission Européenne
Crédits images: Toyota, DuPont, Daimler
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