Depuis le 12 octobre 2018, un nouveau marquage est apparu dans les stations-service implantées en Europe pour identifier les carburants. Ce nouveau dispositif vient en complément de la signalisation existante. Il vise à procurer une information cohérente au consommateur à travers l'Europe et à faire la promotion des biocarburants.
Signalisation
Le nouvel étiquetage a été motivé par une directive européenne de 2014 (article 7 de la directive 2014/94/UE du 22 octobre 2014) relative au déploiement des infrastructures pour les carburants alternatifs. Cette directive demande que les Etats membres de l’Union Européenne procurent une information pertinente, claire et cohérente sur les véhicules (à proximité de la trappe de carburant et dans les manuels) et dans les stations-service (appareil de distribution et pistolet ravitailleur).
A cet effet, le comité européen de normalisation (CEN) a défini un standard commun (EN 16942) afin de définir la charte graphique permettant d’identifier les différents carburants disponibles à la vente. Il s’agit d’une forme géométrique au sein de laquelle, figure un code de deux à quatre chiffres et/ou lettres.
Ces symboles doivent être apposés à deux endroits: sur l’appareil de distribution et sur le pistolet ravitailleur. Ces étiquettes viennent en complément des systèmes d’identification actuels.
Sur les appareils de distribution, les symboles sont normalement complétés d’informations telles que la désignation du carburant selon les appellations propres à chaque pays ou des informations optionnelles concernant la compatibilité des véhicules avec le carburant concerné par exemple.
Essence sans plomb
L’essence est représentée par un rond au milieu duquel on trouve la lettre E (pour éthanol) et le pourcentage d’éthanol.
Il y a actuellement 3 types d’essence homologués en France :
- E5: il s’agit d’un carburant d’indice d’octane 95 minimum et qui contient au plus 5% d’éthanol (ou équivalent ETBE)
- E10: il s’agit d’un carburant d’indice d’octane 95 minimum et qui contient au plus 10% d’éthanol (ou équivalent ETBE)
- E85: il s’agit du carburant dénommé superéthanol utilisable dans les véhicules à carburant modulable (flexfuel). Ce carburant contient jusqu’à 85 % d’éthanol
L’ETBE (éthyl-tertio-butyl-éther) est un carburant issu d’une réaction chimique entre d’éthanol (à près de 50 %) et d’isobutène. L’isobutène est un composant d’origine fossile: il est issu du raffinage du pétrole. En matière de réduction des émissions de CO2, le bilan de l’ETBE est significativement inférieur a celui de l’éthanol, tout en étant meilleur que celui de l’essence. En revanche, la principale qualité de l’ETBE est d’avoir des caractéristiques relativement proches de l’essence.
L’ETBE peut être intégré à hauteur de 15 % dans les carburants E5 et jusqu’à 22 % dans le cas du SP95-E10. En règle générale, l’essence E5 et E10 contiennent à la fois de l’éthanol pur et de l’ETBE, la proportion de chacun étant optimisée de manière à ne pas dépasser la quantité autorisée de composants oxygénés (2.7 % pour l’E5, 3.7 % pour l’E10).
L'E5 peut désigner à la fois de l'essence sans-plomb avec un indice d'octane 95 ou 98.
Diesel
La représentation du diesel consiste en un carré aux bords arrondis, au centre duquel se trouve le code B7 (contenant jusqu’à 7% de biodiesel sous la forme d’EMAG).
L’EMAG (Esters Méthyliques d’Acides Gras) est une matière végétale produite à partir de graines de colza et de tournesol. Les graines récoltées sont transformées en huile. Si cette huile peut être directement incorporée au diesel, sa viscosité élevée et son indice de cétane (facilité d’auto-inflammation) faible nécessiteraient des adaptations moteur pour en assurer un bon fonctionnement.
Aussi, l’huile de colza est mélangée avec du méthanol (transestérification) pour obtenir l’EMAG. Le méthanol est obtenu à partir de la transformation de gaz naturel (méthane). Le méthanol est généralement issu de matières premières d’origine fossile.
A moyen terme, des déclinaisons du diesel contenant une plus grande quantité de biodiesel (B10, B20, B30, B100) devraient être proposées ainsi que du diesel synthétique paraffinique (identifié par le code XTL).
Autres carburants
Les carburants issus de produits gazeux (GPL, gaz naturel / CNG, hydrogène) sont identifiés par un losange aux bords arrondis.
Enfin, si l’AdBlue n’est pas un carburant à proprement parler (bien qu'il soit accessible à l'aide d'un pistolet ravitailleur aux côtés des autres carburants, notamment pour les poids lourds), cet additif, utilisé en particulier pour réduire les émissions d’oxyde d’azote des moteurs diesel depuis les normes Euro 6, ne fait pas l’objet de signalétique standardisée.
En conclusion
Si la nouvelle identification des carburants n'apporte pas grand chose par rapport aux désignations actuelles dans l'immédiat, cette mesure prendra tout son sens dans quelques années où il y a de fortes chances que le consommateur se retrouve face à des carburants contenant des proportions différentes de biocarburants et pour lequel il devra s'assurer que cette quantité de biocarburants est bien compatible avec son véhicule (c'est déjà le cas en partie pour l'essence).
Cette identification ne sera efficace que lorsque une majeure partie des véhicules neufs seront munis eux-aussi de cette identification au niveau de la trappe de remplissage du carburant (obligatoire depuis le premier septembre 2018). Il faut donc nécessairement plusieurs années avant que cette mesure prenne tout son sens.
Ce laps de temps est de toute façon nécessaire que les consommateurs se familiarisent avec ces formes géométriques et leurs significations. Il faudra, par exemple, expliquer aux automobilistes que le nombre présent dans le symbole sur la trappe de leur véhicule représente la proportion maximale (et non minimale) de biocarburants pour laquelle son véhicule a été homologué.
Autrement dit, un véhicule essence qui aurait le symbole E15 sur sa trappe à carburant pourrait utiliser indifféremment les carburants E5 et E10 actuellement distribués, mais ne devrait pas utiliser un hypothétique carburant E25.
De plus, les gérants de stations-service doivent être mieux formés à ces nouvelles étiquettes. A en juger par la disparité des affichages dans les stations-service quelques semaines après l'application de cette mesure, la mise en oeuvre de cette signalétique, lorsqu'elle est existante, est très disparate.
Crédits photos: Audi (image d'entête / trappe à essence) / Volkswagen (AdBlue) / Guillaume Darding (stations-service)
Infographies: Guillaume Darding
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18 décembre 2018 à 17h44
Merci pour l'information